30 ans d’horizon

Je m’appelle Rania. J’ai participé à deux expéditions avec la Fondation Sur la pointe des pieds qui ont été des moments vraiment importants pour moi. La première, c’était l’expédition évasion de Rabaska au Poisson Blanc en 2018 à l’âge de 15 ans. Je venais de finir mes traitements contre une récidive d’un lymphome d’Hodgkin, et avec les neuropathies que j’avais eues, j’avais de la difficulté à marcher et j’étais incapable de courir. Et pourtant, pendant cette expédition, j’ai réussi à courir pour la première fois depuis la fin des traitements. Ça a l’air simple, mais pour moi, c’était énorme. J’ai repris confiance en mon corps et en mes capacités..

Au-delà du défi physique, ça m’a surtout permis de sortir de tout ce que je vivais à ce moment-là : l’hôpital, la ville, le stress constant, le manque d’un entourage à qui je pouvais pleinement me confier et parler du cancer. Là-bas, en pleine nature, j’ai pu respirer, prendre du recul, réfléchir à moi-même, loin du regard des autres. Et surtout, j’ai rencontré des jeunes qui vivaient des épreuves semblables aux miennes. C’est rare dans la vie de tous les jours. Ces rencontres m’ont fait un bien fou, et certaines de ces amitiés sont encore là aujourd’hui.

L’été dernier, j’ai eu la chance de vivre une deuxième expédition au Parc de la Vérendrye. Encore une fois, ça a été un vrai cadeau. Pouvoir échanger avec d’autres jeunes, partager nos histoires, mais aussi les écouter, ça m’a énormément enrichie. Ce sont des moments qu’on n’oublie pas, qui marquent pour la vie.

Aujourd’hui, je suis étudiante en biochimie et médecine moléculaire, je veux devenir médecin-chercheuse en oncologie pédiatrique. Mon rêve, c’est d’aider à développer des traitements plus ciblés contre le cancer. Je m’implique aussi comme patiente partenaire au CHU Sainte-Justine et ambassadrice avec la Fondation Charles-Bruneau, et je monte des projets de collecte de fonds pour soutenir la recherche contre le cancer.

J’ai aussi croisé sur mon chemin des jeunes, des amis chers, qui n’ont pas eu la même chance que moi d’être en rémission aujourd’hui. Ce sont leurs visages, leurs histoires, leur personne qui m’accompagnent au quotidien et qui me donnent la force de continuer, de m’accrocher à mes études, de m’engager chaque jour un peu plus — pour eux, pour nous, pour honorer tout ce qu’ils ont été et tout ce qu’ils auraient encore pu accomplir.

Si je veux m’impliquer aujourd’hui avec la Fondation Sur la pointe des pieds, c’est tout simplement pour redonner. Ces expéditions m’ont tellement apporté, elles m’ont aidée à me retrouver, à reprendre confiance en moi, à me reconnecter avec la nature et avec les autres. J’aimerais pouvoir permettre à d’autres jeunes de vivre ça à leur tour.