Bonjour à tous,
Je m’appelle Melissa et, en 2000 (il y a 25 ans), j’ai eu la chance d’être invitée à participer à une expédition de la fondation Sur la pointe des pieds sur l’île d’Ellesmere. Je veux dire… peu de gens peuvent dire qu’ils sont allés au pôle Nord, mais moi, je peux ! À l’époque, j’avais 15 ans, et je ne me doutais pas à quel point ce voyage allait changer ma vie. Pour bien comprendre, il faut d’abord que je vous raconte un peu le contexte.
À 13 ans, on m’a diagnostiqué un lymphome non hodgkinien. J’ai suivi un an de chimiothérapie, avec de nombreux séjours à l’hôpital, des transfusions sanguines, des complications liées aux traitements et beaucoup d’isolement social. Vous pouvez imaginer à quel point cette période a été difficile pour moi. Les effets physiques — fatigue extrême, perte de cheveux, nausées — étaient attendus. Mais ce dont on parlait peu, c’était des effets émotionnels d’un cancer. La solitude pendant les traitements, l’isolement… c’était tout aussi dévastateur, sinon pire. Pendant un an, j’ai manqué les soirées pyjama, les moments entre amis, l’école… Le sentiment de passer à côté de tout (le fameux FOMO) était bien réel ! Et une fois les traitements terminés, je me sentais tellement différente. Comme si personne ne pouvait comprendre ce que je venais de traverser. Je devais apprendre à vivre avec la conscience de ma propre mortalité. Ma vie était complètement déséquilibrée, et je portais en moi un traumatisme que personne ne pouvait vraiment saisir. J’avais accepté que ce serait mon nouveau quotidien… jusqu’à L’EXPÉDITION.
Ce qu’il y a de magique (ou de miraculeux) dans le fait de rencontrer d’autres ados ayant traversé le cancer, c’est qu’on n’a pas besoin de mots. On se comprend instantanément. Le poids de la différence, cette impression que personne ne peut comprendre… tout ça s’est envolé. C’est ça, la magie de l’aventure thérapeutique. C’est ça, la magie d’être entourée de personnes qui ont des histoires semblables à la tienne.
Ce voyage a été une chance unique, qui n’aurait jamais été possible sans la générosité des donateurs, des bénévoles, de l’équipe d’organisation et du personnel médical. Je leur en serai toujours reconnaissante. Cette expérience a pansé mes blessures, nourri mon esprit meurtri. Je me suis sentie mise au défi, aimée, soutenue. Je me suis sentie comprise, sans avoir à expliquer.
Les défis physiques, comme gravir une montagne, étaient une métaphore puissante du combat que l’on mène pendant les traitements. Et une fois arrivée au sommet… le temps s’est arrêté. De là-haut, on voit le monde autrement. C’était magnifique. Un moment symbolique très fort. Ce n’était pas facile d’y arriver, mais une fois là, tout en valait la peine. Ce fut un moment de guérison, partagé avec tous les participants. Et quand il a fallu se dire au revoir, je suis repartie le cœur rempli. Ma vie, au lieu d’être déséquilibrée par la maladie, avait été enrichie par le défi et la capacité de le surmonter. Je ne me sentais plus seule. Je me sentais spéciale. J’avais voyagé, j’avais été courageuse.
Quand j’ai reçu un courriel de la fondation Sur la pointe des pieds annonçant leurs 30 ans de guérison, j’ai souri. Parce que je sais à quel point leur travail est essentiel, et combien d’opportunités uniques ils ont offertes à d’autres personnes qui avaient, elles aussi, besoin de connexion. Leur travail est important. Il change des vies. Aujourd’hui adulte, je suis infirmière diplômée et je travaille dans le domaine de la santé. J’ai parlé avec des patient·e·s et d’autres survivant·e·s du cancer, et tous·tes me disent la même chose : une fois les traitements terminés, on se sent seul·e et pris·e de court. Je crois qu’il y a une réelle place pour l’aventure thérapeutique, un vrai besoin de guérir aussi l’esprit et l’âme après la maladie. La fondation Sur la pointe des pieds est pionnière en la matière. Je leur en serai éternellement reconnaissante.