30 ans d’horizon

Je m’appelle Anik, j’ai 36 ans. Amoureuse, marraine, tante, fille, amie et retraitée malgré moi depuis 3 ans. Ex-consultante et gestionnaire en psychologie du travail, passionnée entre autre de l’évaluation et du développement des talents. J’adore les humains, la science, la philosophie et la spiritualité.

Je vis avec un cancer du sein depuis 2017, métastasé depuis 2020. Cela veut dire je navigue chaque jour entre médecine et mystère, entre les statistiques et les symptômes et ce que mon corps déjoue avec une obstination tranquille. Présente, curieuse, lucide, parfois drôle, souvent fatiguée — mais farouchement vivante. Je n’ai pas choisi cette épreuve, mais j’en fais quelque chose avec perspective et beauté.

Si je m’engage aujourd’hui, c’est parce que je sais ce que ça coûte d’être jeune, malade, et invisible. Parce qu’entre les soins de survie et les discours d’espoir, il manque un espace, un ‘’médicament’’ : celui du quotidien, celui du soin humain. Se sentir bon, libre et connecté. Et je crois que c’est à cet endroit que naissent les vraies réparations.

Lorsque j’ai embarqué dans ma première expédition thérapeutique en pleine nature en 2018, j’étais en rémission depuis à peine deux semaines : la moitié de mon torse était encore brûlée par les traitements, la longue cicatrice à vif. Pourtant, j’ai fait confiance aux douces paroles de l’équipe et je me suis lancée en rabaska. Rapidement, mon année difficile s’est éloignée de mes pensées à mesure des paysages et connexions qui se liaient. Une paix profonde, inattendue et tellement nécessaire s’est alors installée, à quelques jours de mon 30ᵉ anniversaire.

Puis, lorsque la récidive brutale a frappé, j’ai dévalé à nouveau l’escalier de ma montagne… Et puis c’est dans les rivières en bas, avec la fondation à nouveau et les humains rassemblés, que j’ai rétabli mes bases et reconnecté avec la paix.

Ces expériences ont radicalement changé ma perception de la vie. Loin des hôpitaux et des traitements, j’ai retrouvé l’espoir, la vitalité et la confiance en mon corps et en mes rêves. J’ai recommencé à bouger, à respirer autrement, à me sentir vivante malgré les séquelles. Surtout, j’ai rencontré d’autres jeunes et adultes qui, comme moi, portent de grandes choses en silence. Des amis encore présents dans ma vie.

Ensemble, dans les bois, sur les lacs ou autour du feu, nous nous sommes confiés. Nous avons ri. Nous avons pleuré. Nous avons guéri, autrement. En partageant nos vulnérabilités et nos plaisirs autour d’un feu ou les pieds dans une rivière, nous avons retrouvé une joie simple, mais puissante. L’essentiel de ce que devrais être la vie.

Petit à petit, j’ai appris à marcher avec mes peurs et à dompter mes nuages gris. Ces expériences m’ont aidée à rêver encore, à me projeter, à faire de la place à l’espoir et à voir plus loin que l’horizon statistique.

Aujourd’hui, sept ans après ma première aventure, même si le cancer fait encore partie de ma réalité, je vis pleinement et intensément, nourrie par ces souvenirs précieux. J’ai pu reprendre mon souffle, ma place et rêver mes horizons. Mais ce « bien » n’est pas tombé du ciel. Il a été semé, soutenu, nourri… par la générosité de la fondation et de ses donateurs.

Votre soutien peut transformer des vies, comme il a changé la mienne, pour que d’autres jeunes puissent eux aussi retrouver cette paix, cette joie et ce lien précieux avec la vie, que le cancer soit là, ou plus là.