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Laura Ducharme

Chaque traversée est unique et comporte son lot de défis.

Pour cette 15ième édition, Dame Nature nous a réservé tout un cocktail météo. Depuis le début de mon implication auprès de la fondation en 2018, je crois bien que c’est la première fois que j’ai vu toutes les couleurs et les humeurs du Lac en seulement quelques jours.

Pour cette troisième traversée, je laisse donc mon chapeau de Grande Sœur, porté lors des deux premières traversées, pour enfiler celui de blogueuse. La première traversée ayant croquée de plein fouet mon pouce droit (vives les engelures!), je serai accompagnée de Dany Côté, valeureux photographe qui s’est joint bénévolement et volontairement à nous pour me donner un coup de pouce (et c’est le cas de l’dire!).

Pour la première traversée, nous avons été confronté.e.s à une température digne des grands froids que nous retrouvons en Antarctique ou en Sibérie. Pour la deuxième, nous avons eu le droit à un soleil à la « Punta Cana Style » (Petit clin d’œil au Double Défis des 2 Mojitos de 2020).

Cette fois-ci, Dame Nature nous a montré une autre facette de sa personnalité troublante et fascinante…

Vendredi 8:00 du matin, les participant.e.s arrivent au compte-goutte. Il semblerait que l’aventure a déjà commencé avec la neige qui tombe abondamment. Les écoles sont fermées, mais après avoir vécu une traversée à -40, rien n’arrête les participant.e.s et notre équipe.

Je reconnais quelques visages parmi les participant.e.s et l’équipe de nouveaux Grands Frères et Grandes Sœurs qui prendront la relève pour cette troisième traversée. Avec la neige qui tombe tout doucement à l’extérieur, mélangée aux éclats de rire et à l’odeur du café, j’ai une vague impression de déjà vu. J’ai un sentiment profond que je retrouve des membres de ma famille comme lors d’un réveillon de Noël.

Parmi ces visages qui me sont familiers, je prends dans mes bras Valérie, participante d’une expédition thérapeutique sur la Rivière Magpie en 2016, ambassadrice de cœur pour la fondation et maintenant Grande Sœur sur cette traversée. « Le DD2M coïncide toujours à un moment important de l’année. Il s’agit de mon 7ième anniversaire de rémission. », dit-elle avec un grand sourire.

L’anniversaire de rémission de Valérie me redonne l’énergie nécessaire pour entamer cette troisième traversée. Hé oui, je ne vous le cacherai pas que ce matin, les deux premières traversées ayant pas mal grugé mon énergie, ma motivation était plutôt faible.

Voir Valérie m’a rappelé ce pourquoi je le fais : pour voir briller des étoiles dans les yeux de ces jeunes qui vivront une aventure thérapeutique, comme ceux de Valérie.

Elle ne sait pas encore, mais son partage donnera un sens profond à chacun de mes pas aujourd’hui.

Un autre visage m’est familier : celui de Gilles Godin, notre doyen de la traversée.

Âgé de 78 ans, Monsieur Godin en est à sa 5ième traversée. Une légende!

Dès le début de la traversée, le Lac prend des allures du Grand Nord. Rapidement, nous sommes enveloppé.e.s d’un doux manteau blanc. Nous arrivons à peine à voir à quelques mètres devant nous.

Au milieu de cette tempête blanche, le groupe ressemble à une poignée de petits confettis avec nos pulkas et nos coquilles de Gore-tex colorées.

Durant la progression, nous nous apprivoisons mutuellement.

« Et puis, qu’est-ce qui t’as amené dans cette aventure au DD2M? ».

Marine, l’une des participant.e.s, me raconte ce qui l’a poussé à relever ce défi : « Après avoir visionné le documentaire « La vie devant soi » avec André Robitaille, j’ai été profondément touchée par la mission de la fondation Sur la pointe des pieds. L’année dernière, nous nous sommes donc inscrit.e.s pour participer au DD2M. Avec l’annulation de l’événement, nous avons décidé de relever malgré tout via le défi en boîte dans notre région en Abitibi-Témiscamingue. Se retrouver enfin sur le lac pour les jeunes cette année est une opportunité dont nous nous sommes préparé.e.s depuis plus d’un an. »

Je revois le visage rayonnant de Laurianne, protagoniste du documentaire et participante de plusieurs expéditions, que j’ai eu la chance de côtoyer sur la rivière Mistassini en 2021.

Un autre rappel qui donne du sens encore une fois à ce pourquoi j’enfile pour une 6ième fois de ski et ma pulka.

Comme les Mario le disent souvent, comparativement aux jeunes atteints d’un cancer, nous avons choisis ce défi.

Et ce défi, nous allons le relever avec force et humilité en s’inspirant de la résilience et du courage de ces jeunes.

Cette pensée donnera un sens et sera un véritable ancrage lors des moments d’adversité que nous allons vivre sur le Lac dans les prochains jours.

 

Laura Ducharme, blogueuse pour la fondation Sur la Pointe des pieds

Photos : Dany Côté